IndieCamp Kebors 2018

Mon expérience dans un Tiers Lieux à Kerbors 10 minutes à lire, Publié par Rony Dray le 4 septembre 2018
Dans la catégorie Habitat-Partagé
#tiers-lieux, #habitat, #atelier, #communauté, #expérimentation

Quelques définitions

Afin d’avoir une approche plus éclairée sur la suite de cet article je vous propose quelques définitions sur l’IndieCamp et les Tiers Lieux.

Qu’est-ce qu’un IndieCamp ?

Indie : abréviation de l’anglais « independent », parfois francisée en « indé » ou « indèp » pour « indépendant », qualifie une forme de culture produite en dehors des circuits commerciaux traditionnels et/ou appartenant à un courant underground, anticonformiste, avant-gardiste.

L’idée à la conception du premier IndieCamp, nommé Summer Camp en 2016, vient du désir d’avoir en France des rencontres inspirées de L’indeWebCamp.

La culture influençant les IndieCamp provient de l’histoire de Factory Records un label indépendant anglais fondé à Manchester en 1978 par Tony Wilson et Alan Erasmus, qui compte parmi son catalogue plusieurs groupes phares de la scène rock britannique de l’époque, à savoir Joy Division, New Order, A Certain Ratio, The Durutti Column, Happy Mondays, et (brièvement) James et Orchestral Manoeuvres in the Dark.

En 1992, le très industriel London Records envisage de reprendre Factory, mais l’affaire tourne court : en effet, à ses débuts, Factory avait pour habitude d’éviter les contrats, et il s’avère que le catalogue de New Order appartient en grande partie au groupe plutôt qu’au label. La légende voudrait même que les cadres de réciprocité entre les premiers contributeurs à Factory Recors furent écrits avec le sang de Tony Wilson sur un morceau de nappe en papier.

Dans ces origines et ces influences, l’IndieCamp est également espéré comme conçu agilement et frugalement. Avec des réflexions et des tentatives de fonctionnement apparentable à l’extreme programming. Parfois avec des essais d’usage de Class, Responsibilities, and Collaboration (CRC) dans sa conception et son déroulement.

Plus d’informations sur Movilab.org section IndieCamp

Définition d’un Tiers Lieux

Né d’une approche sociologique de nos territoires, le concept de “tiers-lieu” se développe en France et dans le monde à grande vitesse. Ils sont destinés à être des espaces physiques ou virtuels de rencontres entre personnes et compétences variées qui n’ont pas forcément vocation à se croiser.

C’est lors des rencontres d’Autrans en 2012 que le rapprochement de MoviLab et des Tiers Lieux donne naissance à la communauté francophone des développeurs de Tiers Lieux Libres et Open Sources / TiLiOS. Devenue une marque collective, Tiers Lieux s’écrit depuis toujours avec un T et un L majuscule ainsi qu’un X à la fin de Lieux au singulier comme au pluriel.

Pour en savoir plus je vous invite sur l’article de Movilab.org section Tiers Lieux

Et surtout de visionner la vidéo ci-dessous :

L’histoire des Tiers Lieux Libres et Open Source francophones par Yoann Duriaux co-fondateur de la communauté TiLiOS et de MoviLab.

Mon expérience sur l’IndieCamp Kerbors 2018

Je me suis retrouvé presque par hasard dans cet IndieCamp qui s’est déroulé du 1er au 15 août à Kerbors sur les côtes d’Armor. Pour être franc avec vous je n’avais même pas lu les définitions que je vous propose avant d’y être allé. J’ai découvert ce lieu via Side Ways des itinérants qui m’ont aiguillé vers le Movilab. Side Ways la websérie itinérante qui organise début septembre 2018 la première ITA : Initiatives de transition ambulantes qui sera le sujet d’un prochain article.

Rien que l’idée de savoir que des personnes de tous les horizons se rassemblaient pour expérimenter et échanger dans un lieu complètement inconnu me captivait. Pour être paré un minimum j’ai quand même consulté les profils de chaque participant et les thématiques qui allaient être abordées.

Ne connaissant pas le mouvement des IndieCamp j’ai décidé de passer les 15 jours sur place pour vraiment m’imprégner de l’environnement et avoir le temps de tisser des liens avec les personnes sur place.

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Mon parcours sur l’IndieCamp

Je ne suis pas arrivé le premier, Xavier et Émile coorganisateur-trice étaient présents depuis la veille. Ils m’ont accueilli à bras ouverts après avoir réussi à me désembourber du chemin qui mène à la maison. Les premiers mots que j’ai entendus de Xavier étaient : « Fait comme chez toi, ici c’est un espace libre et ouvert », faillait pas me le dire deux fois.

Les 5 premiers jours nous étions que très peu, nous avions construit le compost pour les déchets verts et les toilettes sèches. À partir du septième jour nous sommes passé de 5 à 10 participants et beaucoup plus d’ateliers ont été proposés sur notre belle ardoise.

Au fur et à mesure de l’arrivée des participants le mode d’organisation évoluait, pas toujours à la bonne vitesse surtout quand nous sommes passé de 10 à 20 puis à 30 personnes en 3 jours. Des tensions sont apparus dans la gestion des courses et des repas.

Mais pas de panique, une bonne réunion pour définir quelques règles en cuisine et hop nous avions libéré du temps pour certains et de la pression pour d’autres. De plus un mode de gouvernance par la rétrospective s’est mis en place naturellement avec l’accord de tous.

Les ateliers, conférences ou débats étaient le plus souvent proposés en fin de matinée ou dans l’après midi pour respecter le rythme de chacun. Ainsi les gros dormeurs dont je faisais partie ne rataient rien de l’événement.

Je commençais mes journées par une petite séance de yoga, puis de temps en temps, un peu de TRX l’engin de torture que Déborah avait apporté sur le camp. Pour plus d’informations sur le TRX je vous invite à faire une recherche sur votre moteur de recherche favoris.

Après avoir englouti mon petit dej’ de 11 h, soit je participais à un atelier, soit je passais en cuisine pour aider à la préparation des succulents repas.

Repas qui étaient souvent accompagnés de notre cueillette ou pêche local : Des bigorneaux, des chapeaux chinois, des coques, des huîtres et de la salicorne.

J’ai adoré le tartare de salicorne dont voici la recette :

Le Sillycorne :

  • Ingrédients : un grand bol de salicornes, trois échalotes, trois gousses d’ail.
  • Ingrédients pour la sauce : huile d’olive, vinaigre balsamique, moutarde, miel liquide, poivre.
  • Émincer finement les salicornes, les échalotes et l’ail. Les faire revenir à la poêle façon wok (10 minutes) dans de l’huile d’olive.
  • Composer une sauce de 15 cl aux proportions de votre choix avec les ingrédients prévus.
  • Mélanger la préparation et la sauce. Réserver au frais et servir sur des toasts.

Pour toutes les recettes de l’IndieCamp voir la section Recettes de cuisine

Mes deux ateliers à Kerbors

Le premier atelier que j’ai réalisé s’intitule « Menace sur la vie privée » introduit par Xavier avec « Comment définir son modèle de menace ». Dans cet atelier dont vous retrouverez toutes les informations ici je propose des logiciels et des applications sur ordinateur et smartphone pour protéger votre vie privée.

Je suis très heureux d’avoir pu partager cette expérience, le fait d’avoir échangé sur cette thématique m’aura permis de découvrir d’autres modules plus libre pour Mozilla Firefox.

Mon second atelier était plus physique que virtuel. J’avais organisé une séance intitulée « Regards et émotions » dont l’objectif était de fixer une personne dans les yeux pendant 10 minutes (Les paires étaient tirées au hasard parmi les personnes intéressées)

Le but de cet exercice est d’arriver à comprendre les émotions de l’autre au travers du regard et d’échanger ainsi sans utiliser la parole. Un exercice pas du tout évident qui laisse souvent transparaître les émotions profondes de chacun.

Les ateliers du camp

Je vais pas énumérer l’ensemble des ateliers qui ont eu lieu sur le camp vous pouvez retrouver la liste non complète sur Movilab.org depuis ce lien : Ateliers IndieCamp Kerbors 2018

Par contre je m’attarderai un peu sur celui des énergies proposé par Rieu Techer. L’atelier s’intitule « Si on parlait et on faisait énergie »

Cet atelier a soulevé beaucoup de questions autour de la gestion de l’énergie et comment peut-on se réapproprier sa fabrication, sa distribution et son mode de gouvernance. Daisee essai de répondre à ces questions. Daisee c’est un programme de recherche pour les personnes qui considèrent l’énergie comme un bien commun.

Le bien commun est une notion (théologique, philosophique, juridique et socio-politique) qui désigne l’idée d’un bien patrimonial partagé par les membres d’une communauté, au sens spirituel et moral du mot « bien » aussi bien qu’au sens matériel et pratique (ce dont on dispose ou ce qu’on possède). Voir la définition complète sur wikipedia le bien commun

Daisee mène une expérimentation à l’échelle d’une ville « Prats-de-Mollo-la-Preste » dans le sud de la France. Dont l’objectif est de redonner du pouvoir aux citoyens et aux élus locaux pour leur permettre de gouverner eux même la production, la distribution et la consommation d’électricité.

On remarque vite que les questions du commun et de la gouvernance abordées dans le cadre du projet d’expérimentation mené par Daisee sont transposables à beaucoup de domaines comme la gestion de l’eau mais aussi l’éducation ou tout autres choses pouvant être gérées par un collectif dans lequel chaque citoyen localement peut s’impliquer et avoir une vision sur les activités du groupe.

De la construction

L’indieCamp c’est aussi de la construction où chacun apprend et réapprend à manier des outils pour travailler le bois ou le métal. Grâce au Mobilab Sonĝo à ne pas confondre avec le Movilab, on pouvait avoir accès à de nombreux outils électroportatifs. Nous avons construit ensemble et avec des matériaux de récupération un banc, un bar, une table, un nouveau plan de travail pour la cuisine et une plancha low-tech en métal (dédicace à Manu).

Concernant le low-tech, j’ai pu essayer la machine à laver à pédale d’Anton et Romane. Ça fonctionne super bien. Pas besoin de passer 40 minutes comme sur un programme de machine classique. Cela prend 20 voir 30 minutes durant lesquelles vous pouvez lire ou faire autre chose et pouf votre linge est tout propre.

Machine à laver low-tech du Mobilab Sonĝo
Machine à laver low-tech du Mobilab Sonĝo

Et la détente dans tout ça ?

Une fois la nuit tombée, on se rassemblait généralement sur la grève pour jouer de la musique, conter des histoires et regarder les étoiles filantes (C’était la période des Perséides)

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Les points d’organisation

Côté organisation, pour financer les courses et autres dépenses, une boite à dons avec un prix libre mais conscient de 6,5 € a été mise en place. Chacun donne à hauteur de ses moyens. Encore une fois on démontre que le prix libre et conscient fonctionne très bien parce que nous avons fini le camp avec un surplus de 310 €.

Pour répartir le surplus d’argent Anton a proposé d’essayer la méthode du « tas d’argent ». C’est très simple, prenez une feuille de papier, inscrivez dessus le montant total restant. Puis chacun peu à son tour proposer une bulle avec un thème dans lequel il veut investir une partie du tas d’argent.

Par exemple dans notre cas il restait 310 €, j’ai proposé de distribuer 30 € pour le Mobilab Sonĝo qui a apporté la visserie et les outils. Une autre personne a proposé de mettre 170 € pour Michèle la propriétaire du lieu pour le remboursement de l’eau et l’électricité.

Ainsi de suite, on fait des tours de table jusqu’au moment où tout le monde est d’accord sur la répartition. Pour un sujet aussi sensible que l’argent, je trouve cette méthode très seine et efficace.

Pour garder le contact après l’événement Sébastien avait mis en place une bulloterie. L’objectif étant de mettre son numéro dans les bulles qui nous intéresse puis de noter ses coordonnées dans un index qui a été détruit après le camp. Ainsi chacun ne récupère que les contacts des personnes qui partagent les même bulles.

Bulloterie de Sébastien
Bulloterie de Sébastien

Conclusion

Les IndieCamps ont comme objectif d’être un maximum inclusif, sur le lieu il y avait des personnes de tous ages (6 à 60 ans environ) et de toutes les classes sociales (de la personne vivant en squat jusqu’au chef d’entreprise). Il manquait à mon avis des personnes de couleur même si certain-es d’entre nous sont issus d’autres régions du globe.

Cet IndieCamp à Kerbors a été pour moi un moment magique hors du temps. Très enrichissant mentalement et humainement.

Venez partager cette aventure avec nous l’année prochaine.

Un Tiers Lieux ne se définit pas par ce que l’on dit mais par ce que l’on en fait !

Ne doutez jamais qu’un petit groupe de personnes peuvent changer le monde. En fait, c’est toujours ainsi que le monde a changé. (Margaret Mead)

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Rony Dray

Après huit années de carrière en tant que Freelance spécialisé dans le développement web et e-commerce, j'ai décidé de faire pivoter mon activité et de devenir Digital Nomad. Depuis fin 2017 je parcours la France en van aménagé dans le but de mettre en lumière des habitats partagés et des lieux alternatifs.