Château de Langenberg

Reportage sur le futur habitat groupé Franco-Allemand au château de Langenberg 8 minutes à lire, Publié par Rony Dray le 30 mai 2018
Dans la catégorie Habitat-Partagé
#chateau, #habitat

Présentation du projet

Le projet d’éco habitat du château de Langenberg est en cours de réalisation, à l’heure où je vous écris le château et son domaine n’ont pas encore été acquis par les futurs propriétaires.

Dans cet article, j’aborderai essentiellement les questions d’organisation en amont du projet. Comment les futurs résidents se sont trouvés et comment depuis plus de 4 ans ils s’organisent pour acheter le bien et préparer la suite.

Cet article sera sous le format d’un questionnaire auquel une bénévole nous a fait le plaisir de répondre.

L’histoire du château et son environnement

Le château de Langenberg et son domaine de 20 hectares est situé dans le nord de l’Alsace (67), proche de Wissembourg une ville d’environ 8000 habitants qui regroupe plusieurs commerces bio, une gare et un hôpital.

La propriété est entourée de forêts qui font partie du parc naturel régional des Vosges du Nord et du Pfälzer Wald allemand voisin. Cet ensemble forme un patrimoine écologique qui permettra à l’habitat partagé de profiter d’une biodiversité forte.

Château de Langenberg
Château de Langenberg

Le domaine pourra accueillir une cinquantaine de personnes de tous âges. Actuellement le nombre de participants est de trente. Le projet étant Franco-Allemand, on retrouve une mixité que nous aborderons dans la suite de ce reportage.

La restauration de la structure intérieure du château commencera avec la création des pièces communes et des premiers appartements.

À l’est du château, 12 maisons à faible consommation d’énergie (paille et argile), sans barrières, seront construites. L’objectif est de créer un espace de vie pour les différents besoins de logement et les possibilités financières de chacun : Maisons, petits appartements, grands appartements en colocation, chambres individuelles…

Et d’autres projets sont à venir comme :

  • Faire de la culture en permaculture sur 2 hectares avec un parc ouvert au public
  • Une grande serre pour produire toute l’année
  • Une “Ferme d’arche” et pédagogique pour les races d’élevage menacées (ânes, chèvres, cochons, canards, poulets…)
  • Une station d’épuration végétale (phyto-épuration)
  • Différents types d’hébergements dans le cadre d’un site d’éco-camping
  • Des zones sans voiture

Maintenant que vous en savez plus sur le lieu nous allons commencer notre interview.

Interview d’une bénévole qui travaille depuis le début sur ce projet

- Qui est à l’initiative du projet et depuis quand ?

Le projet a démarré il y a 4 ans sur l’initiative de Christian 62 ans et Karen Noeppel 59 ans un couple franco-allemand qui vit dans une maison argile-paille avec une toiture plate végétalisée en Alsace.

Karen ayant déjà vécu dans des éco-habitats (Vauban à Fribourg…), elle possède une forte expérience dans ce domaine. Avec son mari est née l’idée de créer leur propre habitat partagé et de vivre en communauté pendant leur retraite avec d’autres personnes de tous âges et tous horizons.

- Comment toutes ces personnes d’horizons différents se sont retrouvées autour de ce projet ?

Pour rassembler cette trentaine de personnes il a fallut du temps, beaucoup d’annonces dans les journaux français et allemands (Passerelle éco, journaux écolo…), un site internet: ecolieu-langenberg.eu et une page Facebook. Mais l’information circule bien plus vite grâce aux amis et au bouche-à-oreille.

- Pourquoi avoir choisi le château de Langenberg ?

Le château est situé à la frontière allemande entouré de forêt, des étangs, des écuries et des prés. Il possède également sa propre source. La surface du domaine est aussi un facteur de choix quand on veut faire un éco-habitat pour une cinquantaine de personnes.

- Quels sont les types de profils / catégories socioprofessionnelles des personnes impliquées dans le projet ?

On retrouve dans notre groupe plusieurs types de profils.

Trois architectes, un docteur agroforestier et économiste, des enseignants, des psychologues, des infirmières, un DRH, un maraîcher bio, un juriste, une ingénieure en agriculture, trois expertes en permaculture, un graphiste, un auteur des jeux de sociétés, des professionnels dans la construction de maisons en argile-paille, un chauffagiste et un charpentier.

Bien entendu certaines professions seront mises à contribution dans l’aménagement du lieu.

- Quelle participation financière doit fournir un adhérent au projet ?

Chaque adhérent doit pouvoir apporter 50 000 € minimum pour que le projet puisse démarrer. Nous réfléchissons déjà comment cela se passera par la suite quand un nouvel adhérant voudra se joindre au projet.

- Quel mode de gouvernance avez-vous choisi pour prendre des décisions au sein du collectif ?

Nous avons choisi le consensus systémique. Nous avons une échelle de résistance qui va de 0 à 10.

Plus le chiffre est élevé plus la résistance est forte (NDLR: Plus on est contre). Une personne qui lors d’une réunion met un 10, bloque les négociations. Elle se doit d’expliquer son choix et de proposer une solution alternative.

Nous avons aussi mis en place une charte éthique pour définir nos valeurs et encadrer nos activités. Retrouvez la charte éthique ici: Télécharger le document Charte et consensus.

Réunion d'une partie des participants
Réunion d'une partie des participants
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- Quels sont les différents groupes de travail en activités ?

Nous avons plusieurs groupes de travail dans lesquels on retrouve de futurs résidents mais aussi des bénévoles :

  • Le groupe Finance avec Klaus
  • Le groupe Questions juridiques avec Jean-Claude
  • Le groupe Coordination avec Karen
  • Le groupe Travail social avec Sabine
  • Le groupe « Heures du Langenberg » avec Thomas (Réflexion autour de: Comment comptabiliser les heures de chacun pour faire du troc de biens et services)
  • Le groupe Gestion et création du Camping avec Ilse
  • Le groupe « Travailler en Permaculture » avec Marit
  • Le groupe Éducation alternative et Séminaires avec Bettina

Et nous espérons en créer d’autres comme un futur groupe pour la gestion des constructions.

Réunion des groupes en extérieur
Réunion des groupes en extérieur

- Quelles sont les ressources déjà disponibles sur place ? (Eau, terrain agricole, toilettes sèches…)

Nous avons la chance d’avoir une source d’eau potable directement sur le domaine, le château qui accueillera les salles communes, une écurie et un manège à cheval, des étangs et une forêt avec une superbe biodiversité.

- Comment irez-vous vers une autonomie alimentaire et énergétique ?

Nous pensons produire une partie des légumes pour les habitants de l’habitat partagé grâce au principe de permaculture. Utiliser l’existant comme le gîte qui accueille déjà des personnes qui viennent faire du cheval.

Concernant l’énergie, le château possède une chaudière à fioul que nous aimerions passer au bois. Nous ré-isolerons entièrement le château pour éviter les ponts thermiques.

Les habitations en argile-paille seront chauffées au bois avec pas plus de trois stères par an. Nous pensons aussi installer des panneaux photovoltaïques sur les toits.

- Qu’apporte la mixité Franco-Allemande au projet ?

C’est très enrichissant mais à la fois compliqué. On est souvent confronté à une différence de culture et de façon de faire.

Les Allemands voient les choses de façon plus simple, agissent d’eux-mêmes pour des taches où en France on va devoir déléguer à un professionnel coûteux.

En France nous avons une administration beaucoup plus lourde qu’en Allemagne, les allemands ne comprennent pas pourquoi certaines taches prennent un temps fou en France.

C’est aussi ça l’objectif du projet, l’ouverture d’esprit entre français et allemand, des échanges et l’apprentissage d’une autre culture.

- Faites vous appelle à des bénévoles (non-futur habitant du domaine) pour vous aider dans la création de ce projet ?

Oui, quelques bénévoles aident déjà dans l’organisation générale du projet. Nous espérons en avoir plus quand le projet sera sur pied pour nous donner un coup de pouce dans la rénovation ou la construction.

- Combien d’heures par semaine un adhérant doit-il s’impliquer dans le projet ?

Actuellement chacun s’implique à hauteur de ce qu’il peut faire avec une obligation de participer aux réunions une fois par mois. Nous n’imposons pas de minimum parce qu’une personne qui veut vraiment venir s’installer dans l’habitat groupé s’impliquera d’elle-même.

C’est un engagement fort que de quitter son foyer, son mode de vie pour s’installer ailleurs. Par contre chacun s’engage à participer à hauteur de 600 heures pour la rénovation des salles communes du château.

- Nous arrivons à la fin de notre interview, auriez-vous d’autres conseils à donner aux personnes désireuses de réaliser leur propre éco-village ?

Il faut être super endurant, ne pas baisser les bras et accepter que le projet dure plusieurs années avant de voir le jour. Surtout dans un cas comme le nôtre avec plusieurs langues et cultures. Il faut bien entendu accepter les différences de chacun pour avancer dans la même direction.

Merci pour le temps que vous avez pu me consacrer et nous vous souhaitons une belle réussite.

En conclusion

L’habitat partagé de Langenberg cherche encore des participants mais le projet du château semble se concrétiser après 4 ans de négociation et d’organisation.

On constatera que la moyenne d’âge est un peu élevée mais qu’il y a une volonté d’accueillir des personnes plus jeunes pour dynamiser la communauté. Si vous avez fait un tour sur la charte, vous aurez aperçu que l’ouverture du lieu sur l’extérieur est indispensable pour rester connecté avec le reste de la société.

L’autonomie alimentaire semble compliquée, mais je ne doute pas du fait que les habitants de l’éco habitat consommeront local et bio. Concernant les énergies, la démarche d’isolation du château est une très bonne initiative, cela permettra de réduire la consommation de bois de chauffage.

La taille du projet apporte beaucoup de contraintes, il faut s’organiser avec une équipe de 30 personnes et surtout trouver un lieu suffisamment grand pour accueillir tout le monde. Cela demande un investissement financier élevé dès le départ. Cela exclu une certaine catégorie de personnes qui pourrait être intéressée par cette initiative.

Mais attention, commencer avec un projet de plus petite taille ne garantit pas la possibilité de pouvoir s’agrandir facilement.

Un des points fort à mes yeux dans ce projet c’est la mixité Franco-allemande qui prouve encore une fois que l’histoire n’a pas raison des Hommes et que le mélange des cultures est un atout dans la réalisation de cet habitat partagé.

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Rony Dray

Après huit années de carrière en tant que Freelance spécialisé dans le développement web et e-commerce, j'ai décidé de faire pivoter mon activité et de devenir Digital Nomad. Depuis fin 2017 je parcours la France en van aménagé dans le but de mettre en lumière des habitats partagés et des lieux alternatifs.